FilmPourQuoiTuCherches:Dialogues Episode 3
Voix off:
"L'informatique s'incarne dans des machines. L'homme s'est d'abord fabriqué
des outils, c'est à dire des objets simples à utiliser. Puis il a fabriqué des machines,
c'est à dire des outils qui utilisent une force autre que la sienne et qui peuvent
exécuter de manière autonome certaines opérations mêmes complexes et
programmées comme le métier à tisser de Jacquard. Mais la machine mécanique ne
sait pas se modifier elle-même. Au contraire, l'ordinateur qui est une machine à
information, sait modifier son propre programme et devient ainsi une machine
universelle. Et toutes les machines universelles connues sont équivalentes. Elles
permettent de maîtriser l'intelligence mécanique."
Jeune garçon:
"Alors les machines dans tout ça...? Allez y racontez."
Le prof : (en montrant du doigt dans une autre fenêtre)
"Regarde, voici Alan, Alan Madison Turing . C'est ce petit homme rêveur qui
a écrit dès 1936 l'article fondateur de la science informatique,
il a compris comment quelques opérations élémentaires de calcul étaient
«universelles», c'est à dire pouvaient être combinées pour exécuter tous les
algorithmes du monde, donnant le coup d'envoi à la création des calculateurs
universels programmables. Alan Turing a fait basculer le monde de l'ère industrielle à
l'âge du numérique, en donnant un fondement théorique à l'informatique."
Le prof (en off) :
"C'est dans le fracas des bombes nazies fauchant des centaines de vies humaines
chaque jour que ce scientifique va changer le cours de l'histoire."
Le jeune garçon :
"Comment ca.. ?"
Le prof :
"Alors voilà, nous sommes en 1943. Tu as vu à l'école les grandes lignes de la
deuxième guerre mondiale... Eh bien à cette époque les nazis communiquent entre
eux facilement, grâce à une machine de cryptage appelée «Enigma».
Le prof (en off) :
"Elle ressemble à une simple machine à écrire, dotée d'un mécanisme de
"roues codeuses", qui permet de mélanger toutes les lettres à la sortie, et donc de
transmettre le message sans que personne ne puisse le décoder.
A la réception du message, une machine identique ré-ingurgite le texte, les roues codeuses
tournant à l'envers, et comme dans un miroir, le message ressort en clair."
Alan Turing :
"Si je peux me permettre ! Nous nous sommes emparés d'une telle
machine depuis bien longtemps, les nazis le savent mais s'en moquent
complètement..."
Le jeune garçon :
"Ah bon ?"
Le prof :
"eh..oui parce que c’est comme une carte bleue dont on ne dispose pas du
code..ça sert à rien…"
Alan Turing :
"En fait l'histoire est bien plus stupéfiante, si vous me le permettez: car le
code à en fait été cassé dès 1933 par des mathématiciens Polonais. Mais
le calcul durait trop longtemps et il leur fallait plusieurs, jours pour le
déchiffrer, alors que les nazis eux changeaient le code presque
quotidiennement.."
Le prof :
"Tout à fait monsieur Turing (marquant un temps d'arrêt).Et ce sont les
fameuses «Bombes de Turing » que vous avez mises au point qui, en
mécanisant le processus, et en l'accélérant considérablement vont
changer le cours de la guerre."
Alan Turing :
"Oui !!!"
Le prof (se tournant vers le jeune garçon)
:
"Je dois aussi te parler de Grace."
Grace:
"Messieur que puis-je pour vous?"
Le prof:
"Madame la future contre-amiral de marine Grace Brewster Murray Hopper."
(Le prof rit et dit à voix basse sur le ton de la confidence.)
"...Madame Hopper ne fait pas dans la dentelle pas question de se laisser
gâcher la vie, ni par les hommes, ni par des machines..."
Le jeune garçon :
"Hi Hi"
Grace:
"Dites donc je peux savoir ce qui vous amuse ?"
Le prof:
"Rien, j’allais justement expliquer à ce jeune garçon que vous aviez travaillé
sur le 1er gros ordinateur numérique entièrement automatique IBM. Le Harvard Mark I."
Grace :
"C’est juste. A qui ai-je l'honneur ?"
Le prof :
"Oh et bien je ne suis qu’un modeste professeur de science …"
Le jeune garçon :
"Modeste modeste , z’êtes plutôt calé j’trouve."